Les enjeux du secteur de la construction
Le secteur de la construction représente à lui seul près de 10 trillions d’euros au niveau mondial, soit environ 6% du PIB. Les projections pour 2030 en lien avec la croissance démographique et l’accélération de l’urbanisation montrent un besoin d’investissements dans les infrastructures de l’ordre de € 57 trillions, alors que la tendance des dépenses des dernières années laisse supposer un déficit de près de 40 trillions.
En même temps, le secteur a un impact considérable en matière de développement durable, avec près de 30% des émissions globales de CO2, et jusqu’à 70% des déchets produits comme c’est le cas pour la France (chiffres ADEME 2019).
Les principaux enjeux du secteur de la construction
Par ailleurs, et même si on peut débattre sur le sujet, il est difficile de contester le fait que le secteur souffre d’un retard considérable en digitalisation et en gain de productivité. En effet, comparée aux autres secteurs de l'économie, la construction se retrouve dans les derniers rangs.
Indice de digitalisation des secteurs (Mckinsey, 2019b)
L’évolution de la productivité de la main d’œuvre. [Mckinsey, 2017 ; pp.22 Exhibit 8]
Ce retard peut être expliqué en grande partie par la complexité intrinsèque au secteur de la construction ; fragmentation de la chaîne de valeur, multitude des segments et sous-segments, diversité des acteurs, spécificités locales, etc.
Les leviers d’innovation dans le secteur de la construction
Là aussi on peut débattre sur le manque d’innovation dans le secteur, mais il est difficile de contester qu’il y a besoin d'accélérer cette innovation pour répondre à l’urgence des enjeux.
En effet, on observe depuis quelques années un dynamisme grandissant autour des innovations dans le secteur ; un indicateur représentatif de ce dynamisme est celui de l’investissement des fonds de capital risque dans la ConstrucTech qui a été multiplié presque par 15 en 6 ans, en atteignant $ 3.1 milliards en 2018.
Les propositions de valeur des startups du secteur sont orientées pour répondre principalement aux besoins suivants, en lien avec les différents acteurs et les différentes phases d’un projet de construction :
Réduire des émissions de CO2 pendant les phases de construction et d’utilisation des bâtiments,
Réduire les déchets issus de la construction,
Améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments,
Améliorer le confort des utilisateurs des bâtiments,
Résorber le manque de main d’œuvre qualifiée,
Améliorer la sécurité sur les chantiers,
Réduire les coûts de construction,
Réduire les délais des projets et améliorer la productivité en phase conception et en phase chantier.
Les principaux besoins associés à la chaîne de valeur du secteur
Les principaux leviers d'innovation utilisés pour répondre à ces besoins sont les suivants :
La transformation digitale d’une manière générale,
Le BIM, e.g. des solutions pour améliorer la collaboration des acteurs en phases conception et chantier, comme Autodesk BIM 360,
La réalité virtuelle et augmentée, e.g. des applications pour la maintenance ou pour le suivi des chantiers,
L’Intelligence Artificielle et les objets connectés (IoT) souvent en lien avec le Smart Building, e.g. des applications pour une gestion optimisée des consommations énergétiques, comme Homeys ou Ecopilot,
L’industrialisation et la construction modulaire, e.g. la Licorne Katerra,
La robotisation et l’impression 3D, e.g. les engins autonomes sur chantiers,
La science des matériaux, e.g. Solidia.
Illustration de la matrice des principaux leviers d'innovation et besoins du secteur
On peut noter que les innovations introduites par les startups sont portées essentiellement par le digital.
Par ailleurs, malgré cette richesse dans l’offre et le volume croissant des investissements capital risque dans le secteur, les solutions innovantes proposées sont encore confrontées à une faible concrétisation en volume business et en gain de part de marché.
Ce constat est lié en grande partie à la complexité de la chaîne de valeur déjà mentionnée, mais également aux coûts élevés de développement de solutions constructives, à une méfiance culturelle des nouvelles technologies, au risque élevé dans des projets souvent tendus en marge et en délais, etc.
Nous pensons que pour surmonter cette barrière, il est urgent de booster l’Open Innovation dans le secteur de la construction pour accélérer sa transformation et la réponse aux enjeux de la société.
L’écosystème de l’innovation dans le secteur de la construction
L'écosystème de l'innovation dans le secteur gagne en richesse et en complexité avec la nouvelle dynamique de la constructech.
Les acteurs historiques :
L’écosystème de l’innovation était déjà diversifié et fragmenté. On peut citer parmi ses acteurs présents depuis longtemps dans la chaîne de valeur du secteur :
La R&D académique dans les écoles d’ingénieurs et les universités, etc.
La R&D des grands groupes et des PME de constructeurs et d’industriels des matériaux de construction,
Les clusters et pôles de compétitivité,
Les plateformes expérimentales ; e.g. Les Grands Ateliers de L'Isle d'Abeau,
Les syndicats des professions de la BTP ; e.g. CAPEB, FFB,
Les syndicats des filières constructives ; e.g. Béton (CERIB, ...), Bois (afcobois),
Les programmes de recherche Français et Européens,
Les organismes publics ; e.g. CSTB, ADEME,
Les salons spécialisés ; e.g. BATIMAT,
Les organismes de certification et les assurances,
Les prestataires de service, e.g. agences de consulting, veille technologique, design, et Marketing, etc.
etc.
Les acteurs de la ConstrucTech :
L’écosystème de l’innovation dans le secteur s’est enrichi depuis quelques années avec l’émergence de nouveaux acteurs liés à la ConstrucTech ;
Les fonds Capitale Risque (VC), dont ceux spécialisés dans le secteur et ceux affiliés aux grands groupes de constructeurs et de matériaux de construction, e.g. Brick & Mortar Ventures ou “Construction venture” de Bouygues.
Les centaines de startups apportant des solutions dédiées au secteur,
Les incubateurs et accélérateurs de startups, dont ceux spécialisés dans le secteur, e.g. Impulse Partner,
Les outils et Labs d’intrapreneuriat et d’open innovation des entreprises du secteur, e.g. Leonard du groupe VINCI, NOVA du groupe Saint-Gobain, LH Accelerator du groupe LafargeHolcim,
Les prestataires de service et d’accompagnement des startups (indépendants des incubateurs et accélérateurs) ; e.g. conseil, formation, coaching, aides aux levées de fonds,
Les prestataires de service et d’accompagnement des grands groupes et PME du secteur dans l’implémentation de programmes d’intrapreneuriat et d’open innovation,
Les fournisseurs d’outils et de plateformes de gestion de l’innovation etc..
Une proposition de plateforme d’Open Innovation dans le secteur
Cette proposition est une réponse au constat de besoin de plus d’open innovation et de partage des ressources pour accélérer la percée des innovations, mais également à la difficulté du parcours de recherche de partenaires pertinents pour un besoin spécifique ; e.g. gain de temps et de coûts en phase conception.
Pour répondre à ces besoins, nous avons imaginé une plateforme dédiée à l’Open Innovation dans le secteur de la construction avec 3 fonctionnalités clés ;
Une mise en relation des acteurs ; partage des centres d’intérêts, d’expertises et d’avis, etc.
Un partage de ressources ; partage des équipements de prototypage, outils de modélisation, etc.
Une base de données quantitative et qualitative des innovations et des startups, portée par les contributions et l'interaction de la communauté des utilisateurs.
Les bénéfices attendus de la plateforme :
Un accès plus facile à des ressources partageables et une réduction des coûts et des délais de développement,
Une optimisation du parcours des acteurs dans la recherche de solutions et de partenaires d’open innovation, et un enrichissement de leur portefeuille d’innovations.
Une clé de succès de cette plateforme est de garantir la qualité des informations sur les bénéfices associés à une solution donnée par rapport à la chaîne de valeur d’un projet, et par rapport aux enjeux et besoins des acteurs du secteur.
Pour cela, nous proposons une structure de base de données qui permet tout d’abord à un contributeur (e.g. le fournisseur de solution) de décrire la solution, de lister facilement les besoins, les phases, et les acteurs à qui s’adresse les bénéfices de la solution, et de donner des précisions sur ces bénéfices. Ensuite la plateforme permettra de recenser les commentaires et les avis d’autres utilisateurs de la plateforme pour garantir une meilleure objectivité des informations partagées.
Une autre clé de succès d’une telle plateforme est bien évidemment de pouvoir fédérer un large panel d’acteurs, de ressources mises en partage, et des contributeurs à la base de données des solutions.
Cet article est l’occasion de faire un appel à contribution aux acteurs intéressés par le développement d’une telle plateforme. Notre ambition est de lancer un MVP avant la fin de l’année 2020.
Contact : Fawaz Maamari - fawazfmaamari@gmail.com
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Fawaz Maamari Architecte de formation, PhD. en Génie Civil, il a 24 ans d'expériences dans différents domaines de la construction, notamment l'architecture, le conseil en qualité environnementale du bâtiment, le marketing et la gestion de l'innovation dans les matériaux de construction.
Avec son Executive MBA à l'EM Lyon obtenu fin 2019, il s'est spécialisé dans la gestion de l'open innovation interne et externe, domaine vers lequel il oriente son parcours professionnel aujourd’hui au sein du collectif Bee'Onde.
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